Les Tapisseries d'Andréa Kertes au relais Peiresc

Voilà une exposition qui sort des sentiers battus. Le relais Peiresc a fait appel à la licière créatrice de tapisseries, Andréa Kertes. D'origine hongroise, immigrée à Paris, puis à Toulon depuis deux ans, Andréa a été formé au travail de haute-lice dans une petite manufacture des Gobelins à Budapest, où la tapisserie est considérée comme un art majeur.

L'artiste travaille toute sorte de fils, "dans des milliers de couleurs différentes. Je travaille debout, sur un métier dit de haute-lice (ouverture des fils tendus à bloc par le haut du métier); j'improvise le décor au fur et à mesure que le travaille s'effectue. Je me laisse guider par mes émotions, les couleurs des fils. La tapisserie se monte de bas en haut..." Le résultat mêle abstraction et figuration avec des représentations féminines suggérées par le jeu des couleurs. "Faire ta pisserie, en français signifie passer inaperçu; moi au contraire je veux créer un impact visuel." Et bien, c'est réussit!

Var Matin (M.S.)

Andréa Kertes, relais Peiresc bd de Strasbourg jusqu'au 27 novembre.

Art. À l'Échappée belle, rue Lamalgue à Toulon, Andréa Kertes donne à voir
ses tapisseries haute lice.

L'image poétique ne tient qu'à un fil

Andréa Kertes la Hongroise n'a sans doute jamais vue le beau Danube bleu qui coule entre Buda et Past comme Pénélope le fier rivage d'Ithaque. Pourtant, elle file. Mais jamais à l'Anglaise. 30 ans de tissage, motus operandi qu'elle nomme "un art incompris", pas de filiation non plus, bien que certaines de ses oeuvres ramènent notre esprit béotien à Miro ou à Braque, ce dernier pour les seuls motifs et les simples oiseaux. Compagnons d'obsession? Pourquoi pas.

Entre temps de nombreuses expositions à Paris et en province ont jalonné l'itinéraire de l'artiste magyar qui propose jusqu'au 4 janvier de l'année forcément prochaine un aperçu de son travail. Du bon boulot comme l'aurait écrit Louise Baron dans ces mêmes colonnes. Des signes donc, de la rigueur aussi, et puis cet archarnement propre à une parque dont Andréa Kertes ne partage pas forcément l'antiquité. Chez elle, le monde est moderne.

"Par rapport à la peinture, dit-elle ce jeudi matin chez son ami Florent Machat, le perlier de la rue Lamalgue, inspiré de la Bohême et de l'île vénitienne de Murano qui l'explose entre autres bijoux, c'est une autre façon de créer. Un travail lent, un travail pour faire et défaire. Et c'est ma vie qui s'écrit, toujours de bas en haut, la vie à l'envers en quelque sorte car l'image part toujours des pieds".

La Wally, la plus belle pièce inspirée de Beneix et de sa Diva, Blessure et Distortion, l'Elégante, le Valses, les Regards enchaînés, et puis enfin ce Caméléon rouge que nous devrions tous cesser d'être un jour. Changer sans se départir et muer sans perdre sa peau. Trop demander. Ravaudeuse d'humanité?

JEAN-FRANÇOIS SICURANI (La Marseillaise)
Exposition à voir jusqu'au 4 janvier à l'Echappée Belle, 33 rue Lamalgue à Toulon...