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“Faire tapisserie” en français signifie “passer inaperçu”, moi au contraire je veux créer un fort impact visuel...

J'ai commencé à prendre des cours de dessin intensifs pour le concours d'entrée au Lycée "spécialisé des Beaux Arts et Métiers d'Arts" de Budapest en 1978. Diplômé en 1982, j'ai commencé à travailler à la Maison des Gobelins de Budapest. Après quelques exercices de copies, j'étais apte à exécuter les commandes, mais je voulais faire autre chose : la Hongrie était encore un état répressif à la liberté artistique, et je m'y étouffais...

Me voilà à Paris en Avril 1983...
En 1984 je commençais à tisser sur un petit cadre.
L'année suivante, lors d'un salon à la porte de Versailles, j’ai rencontré mes futurs mécènes.
Au début je tissais avec tous les accessoires : j’ourdissais (préparer les fils en coton de la chaîne avant le tissage) sur les ensouples (gros cylindres en bois), je passais les fils dans les mailles des lices, je préparais mon carton que je fixais sur la chaîne, et je tissais à l’envers, comme il faut...

Les années qui suivaient j’ai abandonné tout cela, j’en suis venue à tisser à l’endroit, et puis, plus de carton. Je ne tissais plus que sur grand cadre, sans ensouples, même si cela me limitait à 1m de large et 1m50 de haut. Enfin j’ai ôté la barre de lices car elle traversait mon champ de vision.

De la tapisserie haute lice classique, j’ai gardé un seul élément : tisser à la position vertical.
Me voilà face à mon métier comme un peintre devant son chevalet.
Je “mé-tisse” l’art majeur de la Peinture et l’art mineur de la Tapisserie...
Rien ne dépasse, juste cette nappe de fils tendus qui n’attendent que moi...
Parfois je défais sans hésiter même des dizaines de centimètres quand je ne suis pas satisfaite de l’évolution de la “toile”... Ainsi mon exitation reste intacte...

Après des années d'"appren-tissage", j'avais vraiment besoin de cette épuration.
Il fallait abandonner les traditions pour libérer la création. Je voulais pouvoir
me concentrer sur la précision technique, la finesse des détails, et mieux maîtriser
la composition naissante au fil des fils, centimètre après centimètre...